Aïssata SIDIBE N’DIA : Une réelle source d’inspiration pour la gent féminine

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Après une brillante carrière au FMI, c’est au travers de sa célèbre émission African woman 2.0 et de son ONG Yelenba woman in action que le génie d’Aïssata SIDIBE N’DIA a été révélée au public ivoirien et d’outremers. Femme active et inspirante, épouse et mère de trois enfants, son aura la précède partout où elle passe. Dans cette interview avec Mama Mag, elle nous partage son parcours exceptionnel jonché de hauts et de bas qui laissent des traces indélébiles.

Bonjour madame Aïssata Sidibé. Pouvez-vous vous présenter à nous ?

Je suis Aïssata SIDIBÉ N’DIA, mère de trois enfants, un garçon et deux filles. Je suis mariée depuis plus de 20 ans. Je suis directrice du média Afrique femme et présidente de l’ONG Yelenba woman in action.

Parlez-nous de votre parcours académique et professionnel

Je suis née au Tchad, j’ai fait mon cycle primaire aux Etats-Unis dans une école française et j’ai obtenu mon Bac à Nice en France. J’ai effectué ma première année d’université en France et le reste de mon cursus académique aux Etats unis où j’ai décroché un Bachelor en économie et un Master in business administration (MBA) à l’université du Maryland.

En ce qui concerne la vie professionnelle, j’ai commencé à travailler en 1996 et à cette époque-là je ne faisais que des petits boulots d’étudiante. En 2002, après l’obtention de mon MBA, j’ai rejoint le FMI (Fond Monétaire International) d’abord comme stagiaire et ensuite comme employée. J’ai évolué graduellement dans le département de communication, d’abord aux relations publiques, ensuite relation média et enfin à la publication où je rédigeais des articles pour le magazine finance et développement du FMI.

En fin 2008, mon mari et moi avions décidé de rentrer en côte d’ivoire et pour ce faire, j’ai pris une mise en disponibilité de 2 ans. Une fois en côte d’ivoire, j’ai travaillé pendant environ 8 mois comme chargée de comptes au sein d’une Banque de la place.

En 2011, après la crise en Côte d’ivoire nous sommes retournés aux Etats Unis et j’ai repris mon boulot au FMI jusqu’en fin 2015 avant de poser définitivement nos bagages en Côte d’ivoire.

En 2016, j’ai travaillé pendant 2 ans pour MCC (millenium challenge corporation : un programme Américain qui accorde des dons aux pays en voie de développement).

Entre 2018 et 2020, j’ai représenté en Afrique de l’ouest une boite Kenyane spécialisée dans le financement des startups évoluant dans le secteur de l’agrobusiness et des énergies renouvelables.

En 2018, j’ai cocréée avec d’autres femmes dynamiques l’ONG Yelenba woman in action, Yelenba qui signifie en bambara la grande lumière. Le principal objectif étant de s’engager durablement dans l’autonomisation des femmes et la sensibilisation des jeunes filles. Nous avons débuté avec environ 12 femmes et nous comptons à ce jour une vingtaine.

En 2020 pendant le COVID, j’ai eu à cœur de développer Afrique femme qui est un média du groupe Weblogy. Dans le même élan, j’ai lancé l’émission African woman 2.0 et je m’y suis consacrée à temps plein en qualité de directrice. À ce jour, Afrique femme compte environ 2.8millions de followers sur Facebook, 83 000 sur YouTube et près de 134 000 followers sur Instagram.

Qu’est-ce qui vous a permis de vous hisser vers cette brillante carrière ?

Je pense que ma force réside dans le fait que je tisse des réseaux partout où je vais, j’ai de bons rapports avec des gens et je m’adapte facilement. Quand j’arrive dans un pays je ne reste pas dans mon petit coin mais je me crée un réseau dont je pourrai m’en servir d’un moment à l’autre pour décrocher certaines opportunités. Si vous attendez des opportunités à domicile, vous ne les aurez jamais car personne ne vous en donnera. Il faudra se lever afin de chercher ses propres opportunités, c’est avec un tel état d’esprit que vous pouvez en décrocher plusieurs.

Etant une femme aux multiples casquettes, comment faites-vous pour assurer au quotidien vos différentes responsabilités tout en gardant la tête sur les épaules ?

Pour ma part, j’ai du personnel de maison qui m’assiste dans la gestion domestique et qui me permettent d’assurer le bon fonctionnement du foyer même en mon absence. J’ai aussi la grâce d’avoir à mes côtés un mari formidable qui m’est d’un très grand soutien. Quand je voyage par exemple, mon mari supervise les choses et avec l’usage d’internet il devient de plus en plus simple de tout coordonner à distance.

On ne peut prétendre être une femme de carrière et tout faire toute seule c’est quasiment impossible. Il est impératif de compter sur l’aide des personnes de confiance (familles, amis, etc.) à qui l’on pourra confier ses enfants et déléguer certaines tâches quotidiennes au cas contraire, il faudra s’occuper soi-même de son ménage.

Comment faites-vous pour maintenir l’équilibre entre votre vie conjugale et professionnelle ?

Je l’ai dit précédemment, il faut avoir de l’aide pour être en mesure de maintenir l’équilibre entre vie professionnelle et conjugale. Quand on aspire à une vie stable, il est judicieux de bien choisir son conjoint. J’ai la grâce d’avoir un mari qui se réjouit de me voir prendre de belles initiatives, il m’encourage dans ce sens et vice versa. Si mon mari ne me soutenait pas, j’allais certainement être démotivé et par conséquent je n’aurais pas la carrière que j’ai présentement.

Je conseille souvent aux jeunes filles de bien faire le choix du conjoint car, quand vous faites un enfant avec un homme, vous êtes liés à vie. Si vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde, vous allez souffrir parce que vous voudriez faire les choses d’une manière et lui voudra les faire différemment et cela empiétera sur l’éducation des enfants et sur votre épanouissement personnel. Par contre si vous avez les mêmes valeurs, même séparés vous n’aurez pas du mal à vous entendre. Il ne faudra pas baser votre choix que sur l’amour que vous portiez pour la personne car l’amour seul ne garantit pas un mariage heureux.

Selon vous quelle est la clé du succès ?

Il n’y a pas une seule clé du succès, mais il y en a plusieurs en fonction de ce que chacun projette dans la vie. Tout dépend de ce que le succès représente pour vous et de ce que vous recherchez dans la vie : l’argent, le bonheur, l’épanouissement personnel, etc. Il n’y a pas de recette miracle parce que chacun est acteur de son propre film. Il faut juste se donner les moyens de réaliser ses rêves car en réalité, la clé du succès c’est nous même qui la détenions.

Le mot de la fin est à vous.

Il n’y a pas un seul chemin pour parvenir à la réussite, il y en a plusieurs, libre à chacun de savoir lequel emprunter. De plus, il faut se connaitre, savoir ce qu’on veut devenir et se donner les moyens de le devenir. On n’est pas des supers women, il y a de bons et de mauvais jours, il faut juste être en mesure d’accepter nos moments de faiblesses et être indulgent envers nous-mêmes. Souvent nous sommes nous-mêmes, notre propre frein. Il faut apprendre à être soi-même, s’accepter et ne pas “s’autocritiquer” à l’excès.

Par Nosilande Bijou